Des électeurs ordinaires

Des électeurs ordinaires
Enquête sur la normalisation de l’extrême droite

Des électeurs ordinaires

Félicien Faury

Paru le 03/05/2024

Ils sont artisans, employés, pompiers, commerçants, retraités… Ils ont un statut stable, disent n’être « pas à plaindre » même si les fins de mois peuvent être difficiles et l’avenir incertain. Et lorsqu’ils votent, c’est pour le Rassemblement national. De 2016 à 2022, d’un scrutin présidentiel à l’autre, le sociologue Félicien Faury est allé à leur rencontre dans le sud-est de la France, berceau historique de l’extrême droite française. Il a cherché à comprendre comment ces électeurs se représentent le monde social, leur territoire, leur voisinage, les inégalités économiques, l’action des services publics, la politique. Il donne aussi à voir la place centrale qu’occupe le racisme, sous ses diverses formes, dans leurs choix électoraux. Le vote RN se révèle ici fondé sur un sens commun, constitué de normes majoritaires perçues comme menacées – et qu’il s’agit donc de défendre. À travers des portraits et récits incarnés, cette enquête de terrain éclaire de façon inédite comment les idées d’extrême droite se diffusent au quotidien.

Terre et liberté de Aurélien Berlan

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Un résumé de Terre et liberté d’Aurélien Berlan, accompagné de quelques commentaires  disponible ici : Terre et liberté

C’est un premier étonnement de se voir d’emblée d’accord avec beaucoup des argumentaires de l’auteur. Car malgré le caractère sophistiquée de la démonstration, basée sur une sélection ad hoc de références philosophiques, son constat emporte l’adhésion. Et l’étonnement fait place à la stupeur quand on constate que les propositions politiques positives de la troisième partie ne sont vraiment pas à la hauteur des enjeux du moment. Stupeur, car au bout de son livre, on est confronté à sa propre insignifiance en terme de forces organisées pour faire face et faire tête à la situation présente tout autant qu’à la faiblesse de cette approche philosophique. Où sont les poignées de ce programme politique, et pas les poignées de la grelinette…

Mais heureusement, le cours des événements permet de venir conjurer cette angoisse et proposer une voie de salut et de rédemption. Car ce philosophe-jardinier a apporté son soutien aux Soulèvements de la terre, dans l’épisode tragi-comique de la menace de dissolution. Ce serait vers ce mouvement qu’il faudrait donc se tourner pour élargir et amplifier cette quête de liberté.

D’où un deuxième étonnement : pourquoi cet intellectuel cautionne cette entreprise politique, alors que certains de ses instigateurs ont mis en œuvre sur l’ex-Zad de Notre Dame des Landes des méthodes d’intimidations qui contredisent les principes politiques dont se réclame Aurélien Berlan ? Où insérer dans sa démonstration la violence physique et symbolique dont les stratèges de l’ex-Zad  ont fait preuve et qu’ils et elles ont cautionné pour confisquer cette lutte ?

Deux possibilités : soit ce ne sont que des péripéties d’éléments marginaux qui ne sont pas représentatifs et peut-être pense-t-il qu’il n’y a là que médisances et fausses informations ? Soit, il faut bien en passer par là dans certaines circonstances : ce ne sont que les dégâts collatéraux de cette glorieuse « victoire ».

Laissons à Aurélien Berlan une troisième possibilité : mener une enquête sur ces agissements autoritaires et en tirer toutes les conséquences vis à vis de son cautionnement des Soulèvements de la terre.

Concernant une autre critique sur des aspects techniques et non politiques du livre, lire ici : https://lesamisdebartleby.wordpress.com/2023/05/24/nicolas-gey-subsister/

Et la réponse d’Aurélien Berlan, là : Aurélien Berlan

L’Unique et sa propriété de Max Stirner

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Dans cet article, figurent quelques commentaires et liens sur L’Unique et sa propriété de Max Stirner (voir ici : sur Stirner) avec des extraits du livre (là : L Unique extraits).

On joint également des extraits de L’idéologie allemande, de Karl Marx et Friedrich Engels, qui fut écrit pour réfuter notamment les thèses de Stirner : L idéologie allemande extraits

Le philosophe Lucrèce, successeur d’Épicure dont l’œuvre fournit la matière de la thèse de philosophie de Marx, déclarait travailler, comme ses glorieux héritiers matérialistes, « à dégager l’esprit humain des liens étroits de la superstition ». Cependant il vendit la mèche, en ferraillant contre ses concurrents, ici Héraclite : « cet homme que son langage obscur a fait illustre chez les Grecs, auprès des têtes légères évidemment plutôt que des sages passionnés de vérité. Car les sots admirent et aiment les opinions qu’ils ont à chercher sous des termes mystérieux ; le vrai pour eux, c’est ce qui produit une harmonie flatteuse à l’oreille, c’est ce qui se pare d’agréables sonorités. »

Certes Lucrèce n’eut pas recours à des « termes mystérieux » et « sachant que notre doctrine est trop amère à qui ne l’a point pratiquée et que le vulgaire recule d’horreur devant elle, j’ai voulu te l’exposer dans le doux langage des Muses, et pour ainsi dire, l’imprégner de leur miel ». (De la nature, Garnier-Frères, 1964, p. 35 et 42 – 43)

A la lecture de ces documents on laisse le lectorat, en fonction de sa place occupée dans la division du travail politique, chercher à deviner s’il fait partie des sots, des têtes légères et des vulgaires qui doivent être appâtés par le miel pour avaler la doctrine amère, ou bien fait partie des sages capables de décrypter, sous les termes mystérieux de la dialectique matérialiste, la vérité, qui seule est révolutionnaire…

 

Le monde comme si

Une fiche de lecture et quelques extraits choisis sur ce livre : le monde comme si

Une langue qui meurt, c’est une part du patrimoine de l’humanité qui disparaît : au nom de cette évidence, on s’emploie à sauver le breton, qui n’est plus parlé que par moins de 1 % des jeunes en Bretagne. Juste cause, mobilisant des militants dévoués ? Oui, jusqu’au moment où l’on prend conscience des enjeux réels du combat régionaliste.
Françoise Morvan, originaire du centre de la Bretagne, raconte ici l’étrange périple qui l’a conduite à une réflexion sur l’instrumentalisation de la langue et de la culture bretonnes à des fins politiques et commerciales.
Menée avec humour, cette enquête à la fois historique et sociologique ne concerne pas seulement la Bretagne mais cette Europe des ethnies qui trouve à présent l’appui des tenants de l’ultralibéralisme.

 

 

 

 

 

Propos pour servir à la résistance contre l’invasion néo-libéral

« Si j’ai pu me résoudre à rassembler pour la publication ces textes en grande partie inédits, c’est que j’ai le sentiment que les dangers contre lesquels ont été allumés les contre-feux dont ils voudraient perpétuer les effets ne sont ni ponctuels, ni occasionnels et que ces propos, s’ils sont plus exposés que les écrits méthodiquement contrôlés aux dissonances liées à la diversité des circonstances, pourront encore fournir des armes utiles à tous ceux qui s’efforcent de résister au fléau néo-libéral. » Pierre Bourdieu

Quelques extraits ici : Contre-feux 1

Quelques extraits de deux livres de sociologues qui évoquent les difficultés de manier les « armes utiles » dont parlait Pierre Bourdieu… : La liberté par la connaissance

 

l Amérique Noire

LAmérique noire

L’Amérique Noire

William Gardner Smith

Casterman, [1970], 1972

                    Journaliste noir américain ayant vécu en France et en Afrique, W G Smitn revient enquêter aux Etats-Unis, au moment où tout semble pouvoir se jouer. C’est aussi le début du déclin des mouvements des années 1960.

Son regard , à la fois, décalé et familier, lui permet de rendre compte, avec une lucidité sans exaltation, des rapports entre noirs américains, entre noirs africains et américains.

 

 

 

 

Race et sciences sociales

Race et sciences sociales

Race et sciences sociales

Essai sur les usages publics d’une catégorie

Stéphane Beaud et Gérard Noiriel, Agone, 2021

Ce livre se positionne à la fois comme un ouvrage de recherche à part entière, proposant une critique de la catégorie de « race » et de ses usages, et comme une manière de prendre position contre la prégnance des thématiques identitaires dans les débats publics et scientifiques. Et, pour cette raison, il a suscité des polémiques.

La première partie, rédigée par Gérard Noiriel, propose une histoire sociale de la question raciale remontant jusqu’à ses origines, au XVIIe siècle. La deuxième partie, qui correspond aux chapitres 3 à 5 coécrits par les deux auteurs, porte sur la résurgence de la question raciale à partir des années 70 et, surtout, sur le recouvrement de la question sociale qu’elle aurait contribué à opérer. Enfin, dans la troisième partie, Stéphane Beaud analyse « le scandale racial » lié à l’affaire des quotas qu’a connu le football français il y a une décennie.

Race, nation, classe

Race, nation, classe

Race, nation, classe, Les identités ambiguës

Étienne Balibar et Immanuel Wallerstein

La Découverte, 1997, Première édition en 1988.

Pourquoi, cinquante ans après la défaite du nazisme, trente ans après la décolonisation et la reconnaissance des droits civiques aux Noirs américains, le racisme est-il en progression dans le monde ?

Comment relier, dans l’économie monde capitaliste, le racisme, le nationalisme et la lutte des classes ?

Stigmate, les usages sociaux des handicaps

Stigmate, les usages sociaux des handicaps

Stigmate, Les usages sociaux des handicaps

Erving Goffman, Les Éditions de Minuit, 1975

Dans ce chapitre du début du Livre, Stigmate et identité sociale, Erving Goffman analyse ce qu’est un stigmate et ses usages sociaux : marquer une différence et assigner une place, légitimer la domination par le marquage, socialement construit comme tel.

la revolution aux Etats Unis

La revolution aux Etats-Unis

La révolution aux États-Unis ?

James Boggs

Maspéro, 1966

Chapitre 1 : Grandeur et décadence du syndicat

« Des millions de chômeurs ont été exclus des syndicats parce que l’on craignait que ces gens n’entreprissent une action explosive susceptible de ruiner la collaboration entre le syndicat et le patronat. Ainsi, des hommes qu’il est possible de considérer comme des ouvriers se retrouvent de jour en jour plus nombreux en dehors des organisations syndicales. »

Comment en est-on arrivé là ?

Dans ce chapitre, James Boggs analyse l’évolution des syndicats américains dans la seconde moitié du 20ème siècle.