où va le féminisme

Où va le féminisme

Vanina, Acratie, 2020

Ce texte est la retranscription de la présentation du livre, à Toulouse.

Notice de l’éditeur :

Dans le bouillonnant après-68, cette affiche reflétait bien l’air du temps en affirmant que la lutte des classes et la lutte contre la domination masculine allaient de pair pour changer radicalement la société.
Mais la fin des Trente Glorieuses et du bloc soviétique, la propagande « libérale » et les thèses postmodernes ont ensuite fait oublier le désir de révolution. L’Université s’est emparée des questions du genre et des minorités, avec la « théorie queer » et les analyses sur l’« intersectionnalité ». Le féminisme a évolué vers une demande d’intégration émanant surtout de femmes des classes moyennes et supérieures – et passant par la suppression des inégalités salariales avec les hommes et par une répression accrue des violences masculines. L’exploitation de classe a été reléguée derrière une foule d’oppressions à déconstruire individuellement dans la société existante…
On ne réforme pourtant pas un système – et s’émanciper du capitalisme et du patriarcat implique toujours de concrétiser ce projet collectif : la révolution sociale !

Ne suis je pas une femme ?

Ne suis-je pas une femme ?

Ne suis-je pas une femme?

Bell hooks

Editions Cambourakis, 2015

Cet extrait de l’introduction résume bien la démonstration que bell hooks entend faire dans ce livre.

« A un moment où dans l’histoire états-unienne les femmes noires des quatre coins du pays auraient pu s’unir pour revendiquer l’égalité des femmes ainsi que la reconnaissance de l’impact du sexisme sur notre statut social, nous sommes demeurées, dans l’ensemble, silencieuses. Notre silence n’était pas seulement une réaction contre les féministes blanches ni un geste de solidarité avec les hommes sexistes noirs. C’était le silence des opprimé-es – ce profond silence engendré par la résignation et l’acceptation de son sort. Les femmes noires de cette époque ne pouvaient pas s’unir afin de lutter ensemble pour les droits des femmes parce que nous ne voyions pas notre condition de femmes comme un aspect important de notre identité. Une socialisation raciste et sexiste nous avait conditionnées à dévaluer notre féminité [womanwood] et à considérer la race comme seul marqueur pertinent
d’identification. En d’autres termes, on nous a demandé de nier une partie de nous mêmes – et nous l’avons fait. »  p. 37