Pas de trêve hivernale dans la lutte des classes

 

Auto-expulsion d’un perdant de la lutte, sur la ZAD en 2018

Pas de trêve hivernale dans la lutte des classes

Le logement et l’habitat constituent un des fronts de la lutte des classes. Et selon la position occupée et les intérêts spécifiques défendus, les conséquences sont diverses et contradictoires :

D’un côté, les sans-grades et les sans-dents, les sans-droits et les sans-titres, sont expulsé-es, non sans résistance parfois mais trop rarement, de leurs logements (locataires, squatteurs et squatteuses) avec le concours des institutions social, juridique et répressif. De gré et de force.

D’un autre côté, des entrepreneurs et entrepreneuses juché-es sur des projets économiques (agricole, artisanal), culturels (artistique, créatif, littéraire) ou politiques (défense des « biens communs » comme zone refuge à l’écart, un temps, du broyage des bas-côtés du social) s’installent et occupent illégalement des bâtiments ou des terrains. S’inscrivant dans la dynamique locale du « territoire » ils et elles revendiquent leur place dans l’espace géographique, assuré-es déjà d’une position dans l’espace social.

Entre ces deux zones du front de la lutte des classes se déploient des organisations et des associations prétendant assurer la médiation entre ces diverses groupes ou personnes et tentent par un travail juridique et de lobbying de faire modifier les règles d’urbanisme. Des structures (fond de dotation, foncière) sont également engagées dans la médiation financière pour assurer l’accès au foncier et à l’immobilier.

Et le résultat de ces affrontements est assez prévisible en partant du constat que plus on est conforme aux règles et plus on gagne au jeu…

On apprend ainsi dans un article du 17 octobre 2024 de Ouest Rance : « Le Département de Loire-Atlantique va signer des baux emphytéotiques de vingt-cinq ans légalisant la situation d’habitants vivant dans des bâtis de l’ex-Zad de Notre-Dame-des-Landes. »

Jean-Luc Séchet, vice-président PS du département, en charge de l’agriculture ajoute : « Cette régularisation se fait dans le respect du droit, de la loi. […] On régularise des situations qui ne posent pas problème au regard du droit, des personnes qui ont un projet, qu’il soit agricole ou non. »

Un ex-zadiste, reconverti en paisible agriculteur bio sur la ferme-vitrine de Bellevue, évoque, parlant au nom du collectif des habitant-es, le « rêve « de vivre durablement en paix » sur le territoire, en toute légalité. » (O.F. du 22 octobre). C’est le département qui prendra en charge la rénovation des bâtiments. Quid des autres personnes utilisant ce lieu (groupe vache laitière, forge, tannerie, boulangerie) ? Vont-elles être poussées vers la sortie : un deuxième tri-recyclage après celui de 2018 ?

L’ex-Greg de Bellevue peut bien évoquer de « vieilles revendications paysannes » concernant la possibilité de vivre et travailler sur ses terres. C’est en parfaite conformité avec ce monde capitaliste que les gagnant-es de la lutte contre l’aéroport ont prétendu combattre. Et son monde ? C’est franchement cool de se faire financer la rénovation de son habitat, ça permet de disposer librement des primes PAC qu’on récupère sur les terres « occupées » antérieurement et maintenant louées au département : même pas les charges d’emprunts pour l’achat ! Un camarade est allé voir dans les arcanes : une estimation de 35 000 euros par an pour l’activité élevage bovin de Bellevue.

On laisse la conclusion au journaliste comme synthèse officielle de cet épisode des luttes sociales, et possible prévision sur les autres fronts où s’agitent les professionnel-les des Soulèvements de la Terre : « Il faut l’admettre : l’entame est idéale pour casser l’image du ténébreux zadiste, perpétuellement anonyme et résolu à se tenir en marge de la société, entretenue par de nombreux élus – locaux ou non mais souvent classés à droite – continuant à voir d’un mauvais œil l’installation sur la zone d’une communauté portant haut des idéaux anticapitalistes. »

Pour des maisons actives et autonomes !

Des habitats non raccordés à l’État !

Des logements lourds de menaces pour la propriété privée !

Des cabanes irréversibles !

Ici un petit texte : Habiter en lutte

Et là un petit tract diffusé à l’occasion de soutien à des personnes : auchaudlhiver