Saluons nos prochains maîtres

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Ce texte tente de comprendre les logiques mises en œuvre par des individu-es et des groupes, dont certain-es sont à l’initiative des Soulèvements de la Terre. Ce mouvement, par sa composition hétérogène et les engagements différenciés dont il est le lieu, ne se résume cependant pas à celles et ceux dénommé-es ci-dessous les stratèges.

Néanmoins, du fait de la connaissance des techniques, avec leurs conséquences en terme d’exploitation et de domination, que ces agent-es sociaux ont expérimentées lors de la phase finale de l’occupation de l’ex-ZAD de NDDL, il est important de poursuivre l’investigation. La confiscation de cette lutte est emblématique des nouveaux moyens qui s’élaborent par tâtonnements du côté de « celles et ceux qui s’organisent », en phase avec les nouvelles formes d’organisation du travail productif et militant. Un premier versant s’appuie sur les innovations de la communication numérique pour produire, diffuser et faire consommer des marchandises idéologiques, adaptées à un projet politique. C’est le plus visible et le plus spectaculaire, qu’on nommera ici l’ubérisation des luttes sociales et environnementales.

Un deuxième versant, sur le long terme, s’inscrit dans des dynamiques préexistantes se déployant dans l’espace rural et mettant en relation des organisations spécifiques, spécialisées dans le foncier, la formation, les moyens techniques et inscrites dans les territoires ruraux, certaines ayant une ambition nationale. Les Soulèvements, partant de leur « victoire » de 2018, entendent bien s’imposer comme un acteur incontournable de ces luttes, avec comme perspective d’imposer leur hégémonie.

Partant du constat que les univers sociaux urbains, administratifs et industriels (pour ce qu’il en reste, pour ces derniers) sont saturés à la fois par des formes d’encadrement politique totalement intégrées et par des décennies de défaites, les stratèges ont choisi dorénavant de faire des campagnes l’espace géographique et social de leur conquête de la « puissance », matérielle aussi bien que symbolique, qu’ils et elles ambitionnent. C’est de ces bases arrières, à l’image de l’ex-ZAD, qu’elles et ils comptent donner l’assaut au pouvoir central.